Une étude menée sur 1,5 million de patients révèle que le taux de mortalité diminue lorsque ceux-ci sont traités par des médecins femmes.
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Si 1,5 million de patients âgés hospitalisés étaient tous traités par des femmes, 32 000 vies seraient sauvées : voilà ce qui ressort d’une étude d’ampleur, menée par des chercheurs en santé publique de l’université Harvard et parue dans le journal JAMA Internal Medicine, qui tentait d’évaluer les différences d’approche entre les médecins hommes et leurs homologues féminins.
En se basant sur un échantillon d’1,5 million de patients de plus de 65 ans soignés par 58 000 médecins (chirurgie exclue) entre 2011 et 2015, les chercheurs se sont aperçus que 11 % des patients soignés par des femmes décédaient dans le mois suivant leur admission… contre 11,5 % pour ceux soignés par des hommes. D’autre part, 15 % des patients traités par des femmes revenaient à l’hôpital dans le mois, contre 15,5 % pour ceux soignés par des hommes.
La différence peut sembler négligeable, mais comme le rappelle le docteur Ashish Jha, auteur de l’étude, “si un traitement pouvait diminuer le taux de mortalité de 0,5 %, nous l’utiliserions très largement. Nous le verrions comme un traitement cliniquement important que nous voulons utiliser sur nos patients”. De fait, si tous les patients de l’étude avaient été traités par des femmes, 32 000 vies auraient été sauvées – l’équivalent du nombre de conducteurs tués sur les routes chaque année aux États-Unis.
Plusieurs variables
Comme souvent dans la recherche scientifique, les résultats sont néanmoins bien plus complexes que d’affirmer que “les femmes sont de meilleurs médecins que les hommes”, car d’autres variables rentrent en jeu (la qualité de l’établissement hospitalier, par exemple) et les résultats de l’étude ne se vérifient pas pour tous les symptômes. Interrogés par le Washington Post, plusieurs médecins (hommes) ont ainsi relativisé les résultats de l’étude, rappelant que les patients sont souvent suivis par des équipes plutôt que par un seul médecin. Il s’agit, comme l’explique le journal, d’alerter d’une part sur le fait que les femmes médecins reçoivent encore environ 20 000 dollars (19 210 euros) de salaire annuel de moins aux États-Unis que leurs homologues hommes alors qu’elles sont bien évidemment aussi compétentes, et d’autre part de tenter de comprendre la différence d’approche du patient selon le genre du praticien.
Ainsi, plusieurs études ont montré que les femmes médecins donnaient une place plus importante que les hommes à la communication avec le patient, qu’elles ont plus d’acuité à repérer des indices non-verbaux chez les patients, mais également qu’elles étaient plus à même de suivre les recommandations cliniques ou de se concentrer sur la prévention. Autant d’indices qui ne permettent pas, comme le précisent les chercheurs interrogés, d’évaluer avec certitude les taux d’efficacité selon le genre, mais permettent néanmoins de tirer une conclusion définitive : la différence de paie selon le genre est un principe aussi absurde qu’infondé.