Facebook a annoncé qu’il s’apprête, dans les prochains jours, à changer sa politique de vie privée. Désormais, le réseau social sera propriétaire de nos données. Décryptage.
Facebook, en France, c’est 18 millions de personnes qui se connectent par jour. Autant d’utilisateurs qui pourraient bientôt voir leurs données partagées sur la plateforme ne plus leur appartenir… au profit du réseau social. Pour mieux comprendre ce changement qui marque un pas encore plus appuyé dans l’entrée du réseau social dans notre sphère personnelle, partons de l’ancienne politique de vie privée de Facebook. Voici ce qu’elle stipulait :
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Vous restez toujours propriétaire des informations vous concernant que nous recevons, même si vous nous donnez l’autorisation de les utiliser.
Noir sur blanc, elle mentionnait donc l’existence d’un droit de propriété des utilisateurs sur leurs données personnelles. Ce passage-là ne figure plus dans la nouvelle politique du réseau social. La donne change désormais, avec une maîtrise de Facebook sur nos données personnelles encore plus importante. Des données dont vous ne serez plus propriétaire.
À entendre par “données personnelles”, une petite liste : photos, vidéos, et tout autre contenu publié sur le réseau social. Mais pas seulement : les informations personnelles et les messages privés sont aussi concernés. Contenus qui, si on lit entre les lignes de cette nouvelle politique, ne nous appartiendront plus du moment que nous les posterons.
Une communication floue
Des ambitions qui peuvent se révéler dangereuses pour le semblant d’intimité que nous avons sur le réseau social. En effet, Facebook a annoncé ce jeudi 13 novembre une importante mise à jour de sa politique de vie privée qui, au niveau de la forme, affiche donc clairement sa direction mais qui, sur le fond, n’est pas si explicite qu’on ne pourrait le croire. Du moins concernant les données que Facebook collectera… et surtout sur ce qu’il en fera.
Et le plus stupéfiant dans cette histoire, c’est que cette nouvelle politique est soumise aux avis des internautes avant d’être appliquée. Plutôt positif, non ? Sauf qu’elle entrera en vigueur dès le 20 novembre prochain… soit dans moins d’une semaine. Pas sûr que la CNIL (Comission nationale de l’informatique et des libertés) puisse avoir le temps de se pencher sur la question.
Pourtant, le régulateur chargé de veiller, entre autres, à ce que l’informatique ne porte atteinte à l’identité humaine et bien entendu à la vie privée risque de ne pas s’entendre avec Facebook sur certains points, notamment concernant l’exigence d’avoir un “langage clair, précis et qui n’offre aucune ambiguïté”, comme cela avait été réclamé à un autre géant en septembre dernier à propos de sa nouvelle politique : Google.
Facebook is watching you
Une exhaustivité indispensable que Facebook n’a pas l’air d’avoir assimilée pour sa nouvelle “politique d’utilisation des données”, dont le premier chapitre indique :
Nous recueillons le contenu ainsi que d’autres types d’informations que vous fournissez lorsque vous avez recours à nos services, notamment lorsque vous créez un compte, créez ou partagez du contenu ou encore lorsque vous communiquez avec d’autres utilisateurs.
Ceci peut comprendre des informations concernant le contenu que vous partagez, telles que le lieu d’une photo ou encore la date à laquelle un fichier a été créé. Nous recueillons également des informations concernant la manière dont vous utilisez nos services, telles que les types de contenu que vous consultez ou avec lesquels vous interagissez, ou encore la fréquence et la durée de vos activités.
D’accord. Mais cela ne dit rien sur l’utilisation que le réseau social compte en faire. Cependant, le site Numerama rappelle que les données personnelles “restent un attribut des droits de la personnalité”, avant d’ajouter
[Ce sont des données] sur lesquelles les individus peuvent exercer leurs droits d’accès et de rectification, et qui ne peuvent être collectées qu’en suivant les restrictions imposées par la loi et le régulateur.
De quoi (un peu) nous rassurer. Ces droits n’apparaissent nulle part pour la simple et bonne raison que “Facebook ne qualifie plus la nature juridique des données personnelles dans sa nouvelle politique”, comme conclut Numerama.
En ce qui concerne la propriété des données personnelles, un rapport de juin 2014 du Conseil National du Numérique (CNNum) établissait une fin de non recevoir quant à la proposition de voir les internautes se les approprier. Ce qui pourrait expliquer justement que Facebook préfère voir les données personnelles comme un attribut des droits de la personnalité, en phase avec la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978.
Nos ordinateurs scrutés à la loupe
Facebook nous informe par ailleurs en toutes lettres qu’il recueille des informations sur nos ordinateurs, sur notre emplacement géographique, sur nous, tout simplement :
Voici quelques exemples d’informations sur les appareils que nous recueillons :
- Des données telles que le système d’exploitation, la version du matériel, les paramètres de l’appareil, les noms et les types de fichier et de logiciel, le niveau de la batterie et l’intensité du signal, ainsi que les numéros d’identification de l’appareil.
- Les données d’emplacement de l’appareil, notamment les données d’emplacement géographique précises recueillies à travers les signaux GPS, Bluetooth ou Wi-Fi.
- Des informations de connexion telles que le nom de votre opérateur mobile ou de votre fournisseur d’accès à Internet, le type de navigateur que vous utilisez, votre langue et le fuseau horaire dans lequel vous vous situez, votre numéro de téléphone mobile et votre adresse IP.
En quoi le fait que l’on soit chez nous, en cours ou au boulot intéresse Facebook ? Qu’est-ce que notre fournisseur d’accès à Internet a à voir avec Facebook ? Au début du mois de septembre 2014, à la lueur d’une nouvelle modification de la politique des données, 20 minutes revenait sur la manière dont Facebook utilisait nos données.
Le quotidien reprenait ce qui était annoncé par Facebook dans sa politique de récolte des données :
Vous nous autorisez à utiliser vos nom, photo de profil, contenu et informations dans le cadre d’un contenu commercial, sponsorisé ou associé (par exemple une marque que vous aimez) que nous diffusons ou améliorons.
Les photos sont aussi utilisées par Facebook afin d’inciter vos amis à vous tagguer :
Nous utilisons un logiciel de reconnaissance faciale (…) pour calculer un chiffre unique basé sur le visage d’une personne, comme la distance séparant les yeux, le nez et les oreilles. Ce modèle est basé sur les photos dans lesquelles vous avez été identifié(e) sur Facebook.