Pour ne pas provoquer l’ire des majors du disque, Facebook développerait un outil pour identifier automatiquement les chansons protégées par des droits d’auteur.
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En octobre dernier, David Israelite,président de l’Association nationale des producteurs de musique américaine (NMPA), se fendait d’un éditorial assassin dans les colonnes de Billboard, dans lequel il accusait les plateformes de partage de contenu, Facebook et YouTube en tête, de ne pas payer les artistes dont les créations sont diffusées. Dans sa tribune, David Israelite arguait que “lors d’une rapide recherche des 33 chansons les plus célèbres, la NMPA a identifié 887 vidéos utilisant ces chansons pour un total cumulé de 619 millions de vues, soit 700 000 vues en moyenne par vidéo”.
Problème : en théorie, le streaming rémunère les artistes. Mal, peu, mais c’est quand même mieux que rien. Et 700 000 vues, ça commence à faire de l’argent. Alors que YouTube est déjà habitué à se faire régulièrement démolir pour sa gestion des droits d’auteur, Facebook sent qu’il pourrait bien être le prochain sur la liste. Et compte bien prendre les devants.
Facebook, le “bon flic” des majors
Selon le Financial Times, repris par Billboard, le réseau social serait en train de développer un outil algorithmique qui détecterait et supprimerait automatiquement les vidéos utilisant des chansons protégées par droit d’auteur. Selon une source de Facebook, contactée par Billboard, la décision du réseau social est avant tout stratégique. “Ils voient le gros volume de trafic que représente le contenu musical sur leur plateforme et ils ne veulent pas être du mauvais côté de la bataille des artistes. Ils y voient aussi une opportunité de se positionner comme l’ami des créateurs de contenu, en opposition à YouTube, et ils travaillent vite pour que ce soit fait.” Parallèlement, le réseau social a entamé des discussions avec l’industrie musicale, précise le Financial Times, dont la source explique cependant qu’un accord ne sera probablement pas trouvé avant le printemps.
Facebook, le réseau social-devenu-média-sans-le-vouloir, commence donc à réaliser qu’il est à l’aube d’une guerre avec l’industrie musicale s’il ne fait rien pour lutter contre les infractions au copyright. Et même s’il développe un outil pour mieux faire respecter les droits d’auteur, il sera bien inspiré de le rendre efficace : malgré le lancement de Content ID en 2007 et le paiement de 2 milliards de dollars de royalties en neuf ans, YouTube est toujours en conflit avec les artistes et les distributeurs. S’il veut éviter le même sort, Facebook a donc intérêt à faire ça correctement. Car d’autre part, si son algorithme est un peu trop zelé et commence à supprimer toutes les vidéos de DJ sets, par exemple, ses utilisateurs vont vite en avoir marre. Tout est une question d’ajustement.