À deux pas de la Grande Barrière de corail
Un paradoxe qui, comme souvent, s’explique par des enjeux financiers colossaux. Comme le rapporte Le Monde, il s’agit du plus gros investissement jamais réalisé par l’Inde en Australie, à hauteur de 22 milliards de dollars australiens (14,8 milliards d’euros). Un projet qui, une fois achevé, comprendra cinq mines souterraines et six à ciel ouvert et produira jusqu’à 60 millions de tonnes de charbon par an.
Évidemment, le projet est ardemment combattu par les défenseurs de l’environnement et les ONG, qui s’y opposent depuis des années. Pour Greenpeace, la mine d’Adani représente “un désastre pour le climat” à plusieurs niveaux car la combustion du charbon en ferait l’une des pires sources de pollution du pays en contribuant à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et donc au réchauffement climatique. Avec à la clé, la perturbation des écosystèmes de la Grande Barrière de corail : aggravation du blanchiment des coraux, mise en danger de mammifères rares comme les dugongs, qui pourraient être heurtés par les immenses bateaux minéraliers, pollution engendrée par le dragage des fonds marins. “Si on veut vraiment sauver la Grande Barrière et si on veut vraiment respecter l’accord de Paris, le charbon doit rester sous terre”, assène le professeur Terry Hughes, spécialisé dans la préservation de la Grande Barrière de Corail, dans les colonnes du Monde.
À voir aussi sur Konbini
The QLD and Aus government need to rule out any public money for the Carmichael mine now. https://t.co/dC9VyIGiUf
— Greenpeace Aus Pac (@GreenpeaceAP) 6 juin 2017
La guerre est déclarée
Mais la guerre fait rage entre la multinationale indienne et le gouvernement australien, qui portent le projet, et les groupes pro-environnement qui s’y opposent. Les ONG ont gagné une première bataille en convainquant les quatre plus grandes banques du pays, et certaines à l’international (saluons par exemple BNP Paribas, le Crédit agricole et la Société générale), de ne pas donner un centime pour financer cette mine. Alors, le groupe indien a demandé un prêt d’un milliard de dollars (665 millions d’euros) au gouvernement australien – qui semble disposé à lui accorder – en avançant l’argument (contesté) de la création de 10 000 emplois dans la région. De leur côté, les ONG ont annoncé des actions en justice pour empêcher un financement de la mine par les fonds publics.
Ainsi, pour le ministre des ressources minières, Matthew Canavan, l’officialisation du lancement du projet est “un grand jour pour le Queensland”. Le gouvernement australien avait auparavant appelé à boycotter les banques qui refusaient de prêter de l’argent au milliardaire indien et accusé les militants de ne pas soutenir l’emploi dans leur région et, pire, d’empêcher des dizaines de millions d’Indiens d’avoir accès à l’électricité. Visiblement, le réchauffement climatique est le cadet des soucis du gouvernement australien :
“Quand des personnalités ont demandé au Premier ministre de ne plus soutenir le projet, celui-ci a affirmé que si l’Inde n’achetait pas le charbon à l’Australie, elle l’achèterait ailleurs, et que donc cela ne changerait rien pour le réchauffement climatique”, rapporte le quotidien.
Comme dit la célèbre maxime : “Chacun pour soi et Dieu pour tous.”