La Royal Brunei a œuvré pour l’égalité en laissant un équipage 100 % féminin piloter l’un de ses avions. Ces femmes ont atterri en Arabie saoudite, où elles n’ont pas le droit de conduire une voiture.
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Alors que nous célébrions la Journée internationale des droits des femmes la semaine dernière, l’équipage d’un vol de la Royal Burnei apportait sa pierre à l’édifice de l’égalité des genres. Et l’information est passée sous le nez de tous, médias compris.
À l’occasion de la fête nationale du Brunei, qui célèbre l’indépendance de ce sultanat proche de la Malaisie, le 23 février, la capitaine Sharifah Czarena Surainy, les copilotes Dk Nadiah Pg Khashiem et Sariana Nordin, ont piloté le vol BI081 en direction de Djeddah, en Arabie saoudite.
Cet évènement vous semble peut-être un peu banal, mais c’était historique car c’est la première fois que le sultanat de Brunei laissait un équipage exclusivement féminin piloter un avion. Ironie de l’histoire, il a atterri dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire une voiture (donc on ne parle même pas des avions). Il fallait le souligner.
Ce vol marque un tournant pour la compagnie aérienne. Trois ans plus tôt, Sharifah Czarena Surainy devenait la première femme capitaine de toute l’Asie du Sud-Est. En 2012, elle a confié au Brunei Times:
“Le métier de pilote est souvent perçu comme un boulot conçu pour le mâle dominant. En tant que femme, que femme brunéienne, c’est un véritable exploit.
Cela montre à la jeune génération, aux filles tout particulièrement, que quels que soient leurs rêves, elles peuvent les réaliser.”
The Independent ajoute que la compagnie aérienne promet d’accueillir plus de femmes dans ce milieu. Elle propose actuellement un programme pour les apprentis ingénieurs, ouvert aux hommes comme aux femmes.
Le quotidien des Saoudiennes
C’est bien beau tout cela, mais ce vol sans précédent contraste fortement avec le quotidien des femmes saoudiennes. Quand quelque chose d’aussi joyeux qu’un avion piloté par une équipe exclusivement féminine est célébré, c’est l’occasion de rappeler que les droits des femmes sont restreints dans ce pays. Qui, récemment, s’est mobilisé pour que les femmes aient le droit de conduire une voiture (oui, cette phrase est ridicule) ? La campagne Women2Drive est à la fois encourageante et insensée.
Pour les occidentaux, cette idée d’interdire la conduite aux femmes est ridicule (c’est même une blague : “les femmes conduisent comme des pieds”, ah, ah, ah). Mais le problème est plus complexe qu’une simple interdiction bête et injuste. Des études solides ont prouvé que les hommes et les femmes pensent que la levée de cette interdiction serait un pas vers l’occidentalisation de la société et pourrait affaiblir les valeurs islamiques.
L’argument ultime, ce n’est pas de dire que les femmes ne sont pas capables de conduire ou ne devraient pas y être autorisées, mais plutôt qu’elles ne devraient pas en avoir besoin. Pour beaucoup, cette mesure reflète à quel point les femmes sont aimées et respectées, c’est une sorte de symbole de prestige en quelque sorte.
Ces réserves mises de côté, félicitations à l’équipe de la Royal Brunei. Espérons que leur exploit ne sera pas vain et que les femmes d’Arabie saoudite pourront prendre les commandes (littéralement et métaphoriquement).
Traduit de l’anglais par Hélaine Lefrançois