1. Sortir du traité commercial transpacifique (TTP)
Donald Trump a passé une grande partie de sa campagne à accuser les traités de libre-échange de détruire des millions d’emplois aux États-Unis. C’est pourquoi il s’engage à retirer son pays du TTP, signé en 2015 avec onze pays bordés par le Pacifique (Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande).
C’est un énième coup dur pour l’administration Obama, qui avait fait du “pivot vers l’Asie” l’axe central de la nouvelle politique extérieure des États-Unis. Le traité transpacifique était de toute façon encore loin d’être définitivement adopté, dans la mesure où le Congrès, hostile à Barack Obama, devait encore le ratifier. À la place du TTP, Donald Trump dit vouloir négocier des accords bilatéraux directement avec les États, plutôt que des grands traités globaux. Cette stratégie est, d’après lui, plus à même de “ramener les emplois et l’industrie sur le sol américain“.
Cette annonce n’augure rien de bon pour le traité de libre-échange transatlantique (appelé TTIP ou Tafta), actuellement en négociation entre les États-Unis et l’Union européenne. Ce projet d’accord avait été largement critiqué par Donald Trump et Hillary Clinton au cours de la campagne. Il faut dire que l’opacité des négociations, la place prépondérante donnée aux multinationales et les risques sanitaires (notamment en matière de produits agricoles) représentés par ces accords ont déclenché de nombreux mouvements de contestation dans la société civile. Des contestations auxquelles les responsables politiques semblent vouloir apporter une réponse. Sale temps pour les accords de libre-échange.
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2. Abattre les restrictions sur les énergies fossiles
Sa campagne l’annonçait, sa nouvelle vidéo le prouve : Donald Trump n’a que faire des considérations écologiques lorsqu’il s’agit de créer des emplois. Il annonce ainsi vouloir lever l’ensemble des restrictions qui empêchent les entreprises spécialisées dans les énergies fossiles (gaz de schiste, charbon, pétrole) d’exploiter pleinement les ressources du territoire américain, quitte à augmenter dramatiquement les émissions de gaz à effet de serre, et donc le réchauffement climatique.
Par “restrictions”, Donald Trump fait notamment référence au traité signé en mars 2016 par Barack Obama et Justin Trudeau, le Premier ministre canadien. Ce traité engage les deux pays sur une réduction de 45 % des émissions de méthane d’ici 2025. Des restrictions sur le secteur des énergies fossiles font partie des moyens mis en œuvre pour tenir cet objectif. Lever ces mesures permettra, au dire de Donald Trump, de “créer des millions d’emplois bien payés”.
Au-delà des considérations écologiques, on peut s’inquiéter de l’impact économique d’une telle réforme du marché des énergies fossiles américain. Le cours du pétrole atteint depuis plusieurs années des montants redoutablement bas, une situation ouvertement orchestrée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour lutter contre la production américaine. Une augmentation de la production des États-Unis risquerait donc de miner un peu plus un marché du pétrole déjà moribond, en faisant chuter les prix.
3. Éthique de la vie politique et lobbyisme
C’est probablement l’une des annonces les plus surprenantes de toutes : “Nous allons ‘vider le marais’ : il sera interdit pour quiconque ayant servi dans l’administration de devenir lobbyiste pendant les cinq années qui suivent la fin de son activité“. Actuellement, la limite est de deux ans. Cette annonce entre dans la droite ligne du discours adopté par Donald Trump pendant la campagne, très dur à l’égard des institutions américaines jugées “corrompues et truquées”. L’objectif d’un tel “assainissement“ du lobbyisme à Washington est de réduire drastiquement l’influence des intérêts corporatistes et privés sur les pouvoirs publics.
Cette proposition avait déjà été évoquée au début du mois, et subit de lourdes critiques. Lisa Gilbert, du think tank et lobby Public Citizen, explique ainsi que “le langage employé est tellement vague que ça ne permet pas d’affirmer quoi que ce soit“, notamment sur le plan juridique. “On ne peut pas séparer la proposition de ces détails [d’application], et beaucoup de ces détails manquent aujourd’hui“, affirme Carrie Levine du Center for Public Integrity. Ce vide juridique est encore plus flagrant lorsque Donald Trump propose d’interdire, à vie, à n’importe quel ex-membre de l’administration ou de l’une des deux assemblées de se faire embaucher par un pays étranger pour défendre ses intérêts.
Des annonces qui vont dans le bon sens, donc, mais qui restent à clarifier. D’autant que l’entourage du président élu est largement composé de personnes potentiellement visées par ce genre de mesures anti-lobbies – même si une purge a été annoncée par Mike Pence, le futur vice-président.
4. Immigration
Donald Trump n’a pas abandonné son obsession pour l’immigration, même s’il a adopté un ton plus calme que le discours très martial et radical de sa campagne. Aujourd’hui, il annonce vouloir “diligenter le département de l’Emploi pour enquêter sur les cas d’abus dans l’attribution des visas”. Certaines démarches irrégulières peuvent, d’après lui, pénaliser les travailleurs américains, en délivrant des visas de travail à des personnes étrangères acceptant des salaires plus bas.
Aucune information supplémentaire n’a été délivrée quant aux délais et à la sévérité des critères qui seront établis pour traiter les situations irrégulières.
5. Sécurité nationale
Donald Trump a annoncé vouloir “demander au département de la Défense de mettre en place un plan pour protéger les infrastructures vitales américaines des cyberattaques et de toutes les autres formes d’attaques”. Sur les questions de sécurité, le principal conseiller du président élu est l’ancien général Michael Flynn, qui s’est publiquement exprimé, à maintes reprises, contre l’islamisme radical et en faveur d’un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine.
6. Libéralisation de l’économie nationale
“Pour chaque règle créée, nous supprimerons deux règles”, affirme le nouveau président. On se demande quand même comment un tel automatisme pourra être tenu.