Le nombre de crimes liés aux applications de rencontre Tinder et Grindr a été multiplié par sept en deux ans, selon les chiffres recensés entre 2013 et 2015 en Angleterre et au Pays de Galles.
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En 2015, les autorités britanniques ont pu établir une corrélation entre plus de 400 délits (viols, actes pédophiles, tentatives de meurtre) et les deux géants des dating apps, Tinder et Grindr (application de dating réservée aux hommes homosexuels), et ce uniquement au Pays de Galles et en Angleterre. Ce chiffre est sept fois plus élevé qu’il ne l’était il y a deux ans, une augmentation qui inquiète fortement les associations compétentes qui redoutent que bien des délits à venir ne soient pas signalés à la police.
Ces groupes d’aide aux victimes sont formelles : nombre d’utilisateurs sont victimes de “sextortion”, une forme de chantage en ligne. Par exemple, en août dernier, un couple d’homosexuels a écopé d’une peine de cinq ans de prison après avoir fait chanter homme marié rencontré sur Grindr. Un autre homme, lui, est suspecté d’avoir violé une femme dont il aurait fait la rencontre sur Tinder, rapporte le Telegraph. Face à la multiplication de ces événements, Andy Cooke, officier de police de Merseyside est clair :
“La popularité croissante de ces applications et sites de rencontre a contribué à l’augmentation du nombre de crimes enregistrés. Nous encourageons fortement les utilisateurs à signaler ces délits et à exiger une aide psychologique s’ils sont victimes d’un crime.
Aussi, je tiens à insister sur le fait que ces utilisateurs se doivent d’être le plus responsables possible et ainsi ne pas divulguer trop d’informations à leur sujet jusqu’à ce qu’il soient sûrs de la nature de l’identité de leur interlocuteur. De la même manière, je les encourage à cesser toute communication avec des individus qui tenteraient d’exercer une forme de coercition sur eux.”
En 2014, les services de polices d’Angleterre et du Pays de Galles enregistraient 204 plaintes où étaient mentionnées ces applications, contre 55 en 2013. En 2015, les chiffres explosent, avec 412 crimes liés à Tinder et Grindr recensés, d’après les informations divulguées par une trentaine d’antennes de police britanniques.
Parmi ces 412 plaintes, 253 font état de violences physiques et 152 autres de violences sexuelles telles que des viols ou de l’exploitation infantile. Ces chiffres peuvent signifier que ces applications ont été citées lors de l’enquête (par exemple, la victime et l’agresseur se sont rencontrés par ce biais) mais non qu’elles ont nécessairement été directement utilisées par les criminels (si la victime était connectée lorsque le crime a été commis).
Ce phénomène très récent alerte bon nombre d’associations aux victimes, notamment Victim Support, qui préconise de toujours confier à un ami le lieu du rendez-vous convenu lors d’une rencontre en chair et en os. Peter Tatchell, militant LGBT met en exergue ce phénomène de “sextortion” (contraction de sexe et extortion qui traduit une forme de chantage lié à la sexualité) et avance :
“Les gays qui ne sont pas encore sortis du placard ou les hommes bisexuels qui utilisent Grindr sont des cibles vulnérables puisqu’il y a peu de chances qu’ils signalent ces chantages à la police. J’ai bien peur que ces chiffres ne représentent que la partie visible de l’iceberg.”
Contacté par le Telegraph, Grindr et Tinder n’ont pas souhaité commenter.