Selon le bioacousticien Gordon Hempton, la planète ne recèlerait plus qu’une cinquantaine de zones à l’abri des sons causés par l’activité humaine. Télérama l’a accompagné dans ces derniers refuges de quiétude.
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“La Terre est un juke-box éclairé par le soleil” : ces paroles ne sont pas celles d’un illuminé mais celles d’un professionnel du son, Gordon Hempton, spécialisé dans le silence, ou plus exactement les sons dépourvus de bruits d’origine humaine.
Sa passion l’a amené à faire trois fois le tour du monde ces trente dernières années, à la recherche de sons 100 % naturels. Il réussit à vivre de son art en vendant ses enregistrements à des chaînes de télévision, pour des documentaires par exemple.
Sauver le silence
Plus qu’un puriste du son, Gordon Hempton se définit aujourd’hui comme un porte-parole de la nature. “Je voyage énormément afin de parler de ce que la Terre nous murmure — si nous prenons la peine de l’écouter”, explique-t-il sur son site soundtracker.com. En 2010, l’homme a coécrit un ouvrage intitulé One Square Inch of Silence (un titre que l’on pourrait traduire par “Quelques centimètres carrés de silence”), pour rappeler l’importance de la préservation de ces havres de paix sur le globe, dénués de toute pollution sonore.
Un avion qui passe, une voiture au loin ou un mâchouillement et tout s’écroule. “Il fut un temps où tout était si calme. Et cela a été pris pour acquis”, soupire-t-il dans une vidéo qui lui est consacrée sur Vimeo. “Ce que le pin blanc a à dire, seul le pin blanc peut le dire, et ça ne s’entend pas dans un bureau”, philosophe-t-il ensuite d’un air blasé.
Malgré la qualité de ses enregistrements, le bioacousticien affirme que rien ne vaut une écoute de la nature en direct. Une pureté sonore qui part à vau-l’eau, sans cesse interrompue par le bruit de l’activité humaine. Une rencontre originale à découvrir dans Télérama.