Un quart de l’eau californienne volée pour produire de l’herbe
En conséquence, les exploitants de plus en plus nombreux ne sont soumis à aucune régulation, ce qui leur laisse tout le loisir d’étancher la soif gargantuesque de leurs plantes. Pendant que vous arrosez gentiment votre petit plant d’intérieur, certains d’entre eux, souvent inexpérimentés, détournent des rivières entières – dans une région qui ressemble chaque année un peu plus à Mad Max.
Selon un rapport crucial paru en mars du Department of Fish and Wildlife de Californie, qui gère la faune de l’État, jusqu’à 23% du flot de certaines rivières pourrait être volé par les cultivateurs de marijuana. Un chiffre aux lourdes conséquences, tant pour les agriculteurs locaux que pour les populations et la faune environnante, notamment aquatique.
Selon le même rapport, la production de marijuana nécessite 22 litres d’eau par jour et par plante, soit environ autant que la tomate (les deux cultures sont très souvent comparées). Une “estimation haute” selon Gizmodo, qui s’est entretenu avec des producteurs, et même selon les auteurs du rapport. Néanmoins, cela reste toujours bien plus que ce que les restrictions autorisent à leurs collègues de l’agro-alimentaire. Un système totalement déséquilibré qui s’apprête enfin à changer.
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Vers un système d’appellations ?
Vendredi, le gouverneur de Californie Jerry Brown valide trois projets de loi visant à réguler l’industrie de la marijuana, créant une structure légale ex nihilo autour des sites de production et donnant naissance à une autorité de régulation, le Bureau of Medical Marijuana Regulation, opérationnelle en 2018.
A partir d’aujourd’hui, la weed californienne sera contrôlée, testée et étiquetée et l’activité de production sera soumise à un permis, à des limites de taille… et à des quotas d’eau. L’objectif : encourager un système de petites exploitations, à la manière des 4400 viticulteurs californiens, tout en réduisant l’impact environnemental de l’industrie en imposant une gestion responsable des ressources aux producteurs.
La mise en place d’une taxe, quant à elle, commence à être étudiée, mais devra encore attendre. Car seule une légalisation totale de la marijuana (comme, par exemple, au Colorado) permettra d’instaurer une taxe unique, appelée de ses vœux par Gizmodo, donc, mais aussi par les cultivateurs, qui “veulent désespérément se mettre en conformité avec la loi”.
Une politique environnementale aux allures de jackpot
En novembre 2016, la Californie votera une série de mesures lors d’un scrutin général, dont la légalisation de la marijuana récréative – et le mariage gay, et l’interdiction des sacs plastiques de supermarchés. Durant l’année 2016, ce sont potentiellement 16 Etats qui pourraient faire de même, alors qu’aucun cadre légal n’existe encore, tant au niveau fédéral que dans les Etats (Colorado, Washington, Alaska) où l’herbe est déjà totalement légale.
Un marché totalement dérégulé aux allures de Far West qui, selon Gizmodo, nécessite désespérément une politique de gestion des ressources cohérente. En légalisant la marijuana l’année prochaine, la Californie pourrait donc à la fois se doter d’un puissant outil contre le gaspillage de ses ressources naturelles… et d’une fantastique machine à profit, capable de faire passer le Colorado et ses 70 millions de dollars de taxes récoltés en 2014 pour une vulgaire épicerie de quartier. Jamais une politique environnementale n’aura été potentiellement aussi lucrative.