Le programme d’Arnaud Montebourg reprend les idées d’une gauche qui se sent orpheline depuis les nombreux renoncements de François Hollande au cours de son mandat présidentiel.
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À gauche toute ! Alors que François Fillon réveille la droite dure et que Manuel Valls et Emmanuel Macron bataillent pour prendre d’assaut le centre, le candidat à la primaire citoyenne Arnaud Montebourg fait le choix d’un programme résolument de gauche. Plans d’investissements massifs, fin de l’austérité économique, VIe République, refus des traités de libre échange avec le Canada et les États-Unis (CETA et TAFTA) : autant de propositions qui contrastent dans une campagne présidentielle déjà très droitière.
Mises en ligne sur son site de campagne, ses 70 propositions, dont une vingtaine sont particulièrement mises en exergue, doivent encore être étoffées d’ici peu (la thématique de la culture n’est par exemple pas encore abordée). La plupart des proposition sont datées, renvoyant à des discours ou des interviews de ces derniers mois, ce qui permet au candidat de remettre au propre ses positions les plus fondamentales.
Le chantre du “made in France” réaffirme son protectionnisme (même s’il préfère parler de “patriotisme économique”) et sa volonté de favoriser les sociétés françaises par rapport aux entreprises étrangères. Cela passe notamment par une réforme du système des appels d’offre publics pour “réserver pendant une période de huit ans 80 % des marchés publics des collectivités locales aux PME travaillant sur le sol national“.
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Relancer la demande
Des marchés publics qui doivent d’ailleurs exploser, puisque Arnaud Montebourg propose d’augmenter drastiquement les investissements de l’État français, à travers une politique de grands travaux : “20 milliards dans les infrastructures” et 100 milliards d’euros dans “la rénovation thermique des bâtiments et le développement des transports propres“. Une sorte de “New Deal” à la Roosevelt, une politique qui avait aidé les États-Unis à sortir du marasme de la crise de 1929 en insufflant de grandes quantités de capitaux dans une économie moribonde.
“Après l’échec du changement venu d’en haut, je propose la vague du changement par le bas“, annonce le candidat. Il soutient qu’il vaut mieux booster le pouvoir d’achat des Français que d’augmenter la compétitivité de l’économie française. Un pied de nez à la politique de l’offre menée par François Hollande, avec notamment son Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), soit 28,7 milliards d’euros de déductions fiscales accordées aux entreprises pour des résultats très mitigés. Arnaud Montebourg adopte aujourd’hui la stratégie inverse, avec un plan de relance par la demande en phase avec la culture économique de la gauche qui, selon lui, devrait remplir les carnets de commande des entreprises et favoriser les créations d’emplois.
Les investissements annoncés par Arnaud Montebourg sont censés en grande partie faciliter la transition énergétique, puisque 120 milliards d’euros lui sont consacrés. L’écologie est d’ailleurs l’un des thèmes les plus mis en valeur de son programme. Arnaud Montebourg clarifie par exemple sa position sur l’exploitation du gaz de schiste par fracture hydraulique, à laquelle il s’oppose aujourd’hui après avoir longtemps défendu qu’une exploitation propre était possible. “Je souhaite d’abord remplacer les énergies fossiles par les énergies renouvelables“, explique-t-il ainsi tout en bottant en touche sur la question du nucléaire : “Ce sont les autorités de sûreté qui devront prendre les décisions de fermeture des centrales.”
VIe République
Arnaud Montebourg avance que la vie civique changerait s’il était porté au pouvoir, grâce à une plus grande intégration des citoyens dans la vie politique. Une “République nouvelle” qui porterait le numéro “VI” puisqu’il souhaite organiser un référendum dès l’été 2017 pour revoir la constitution. Citoyens tirés au sort au Sénat, réduction des pouvoirs du président (avec notamment l’instauration d’un septennat non renouvelable), référendums d’initiative populaire : autant de propositions qui permettraient d’en finir avec le “monopole fermé” du système politique et de “mettre le citoyen au cœur de la politique et le rendre acteur de la décision publique”.
Il propose également une remise en cause de la politique étrangère de la France en augmentant l’accueil des réfugiés et en revoyant la place de notre pays dans le commandement intégré de l’OTAN pour ne plus se laisser “entraîner dans les guerres de la famille occidentale, parfois contre son intérêt”. Une logique d’intervention militaire systématique dans les pays du Moyen-Orient dont il dit qu’elle a “envenimé la conflictualité entre le bloc occidental et le monde arabe”, sans nous “[protéger] contre le terrorisme djihadiste”.
Dans l’ensemble, son programme paraît donc cohérent mais de nombreux points restent assez flous, comme le financement des plans d’investissements massifs ou sa position sur le nucléaire. En coupant tous les ponts avec le bilan du quinquennat Hollande, Arnaud Montebourg se pose comme un candidat clairement à gauche claire face à un Manuel Valls critiqué pour son action très droitière à Matignon. Une stratégie qui pourrait bien se révéler payante lors de la primaire citoyenne, qui se déroulera les 22 et 29 janvier prochains.
L’intégralité de son programme est à retrouver ici.