“Vous avez l’occasion de sauver le monde” a déclaré François Hollande ce midi, aux délégations des 195 pays présents à la COP21 pour valider par consensus le premier accord juridique universel sur le réchauffement climatique. Un texte final (enfin) validé.
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C’est avec une vive émotion dans la voix que Laurent Fabius, le Président de la COP21, a présenté au Bourget le projet d’accord final ce midi. Dans son discours il a appelé à la responsabilité historique des 195 délégations réunies en séance plénière pour valider l’accord. Ce texte final est “juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant” a-t-il déclaré.
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Adoption d’un texte historique
Six ans après l’échec du Sommet de Copenhague qui avait abouti à une impasse, un doute s’était instauré sur la capacité et la volonté de la communauté internationale à agir pour le climat. Alors, depuis 13 jours, les discussions se sont poursuivies jour et nuit entre les délégués pour chercher un accord qui n’avait pas été trouvé jusqu’à aujourd’hui.
Voici en quelques points clefs, les avancées majeures qui font de ce texte, un accord historique :
- Limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré
Le texte va plus loin que prévu. En effet, il était question à l’origine de statuer afin de limiter le réchauffement de la planète à deux degrés d’ici 2100, là où les projections actuelles prévoient au moins +4°C à l’échelle mondiale si rien n’est fait. Mais notamment sous l’impulsion des petites îles menacées par la montée des eaux, le texte est allé plus loin que ses ambitions initiales.
- Une aide annuelle de 100 milliards de dollars pour les pays du Sud à partir de 2020
La réduction du réchauffement climatique passe obligatoirement par l’effort coordonné des pays industrialisés à travailler main dans la main avec les pays en voie de développement afin de les aider à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Laurent Fabius a donc statué sur un fond d’aide “vert” de 100 milliards de dollars par an des pays au Nord aux pays du Sud à partir de 2020. Il s’agit d’un plancher, c’est-à-dire d’un minimum destiné à être augmenté après 2020.
- Le texte devra être revu et amélioré tous les 5 ans
L’accord entrera en vigueur en 2020 et le texte prévoit un mécanisme de révision de ces contributions tous les cinq ans, donc à partir de 2025.
- Un accord juridiquement contraignant
Contrairement aux craintes de voir se répéter le schéma de Copenhague en 2009, le Sommet de Paris de 2015 est bien “juridiquement contraignant” selon son président Laurent Fabius. Ce qui signifie qu’il est assorti de dates butoirs et d’objectifs quantifiés. Notamment la réduction du réchauffement climatique en dessous de deux degrés d’ici 2100 par rapport à l’ère pré-industrielle.
Le compte n’y est pas
Pour Jean Jouzel, climatologue et membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), il faudra rehausser ces ambitions. Interrogé par France Info il explique qu’en l’état actuel des choses “on n’arrivera pas à la limitation du réchauffement climatique à 2 degrés mais plutôt vers les 3 degrés”. Pour y parvenir “il faudrait doubler les contributions d’ici 2030 [car] la période 2016-2020 n’est pas assez ambitieuse”.
En d’autres termes, le changement doit advenir dès maintenant et la date de 2020 est déjà trop lointaine. Par ailleurs il explique que les engagements sont nécessaires mais insuffisants et “il faudra trouver les moyens dans la recherche et l’innovation pour aller vers une société sobre en carbone“.
Néanmoins, un espoir considérable s’est levé. Pour Greenpeace la roue a tourné et cet accord “relaye les énergies fossiles du mauvais côté de l’Histoire“. En outre, la COP21 a permis d’éveiller les consciences et de proposer des avancées majeures que beaucoup qualifiaient d’impossible il y a encore quelques jours.