La ville de demain combinera écologie et architecture. Entre les murs végétalisés et le développement des écoquartiers, c’est un fait évident. Cependant, un entrepreneur français, Timothée Boitouzet, va plus loin en combinant architecture et biologie. Son ambition ? Troquer le béton de nos immeubles contre du bois.
Écoquartier. Retenez bien ce mot, car vous risquez de l’entendre de plus en plus dans le débat citoyen concernant la politique d’aménagement de nos villes. Derrière ce néologisme se cache la volonté d’adapter l’urbanisme à l’écologie. Un écoquartier vise des économies d’énergie, une meilleure gestion de la récupération d’eau, une place prédominante pour les espaces verts ou encore des modes de mobilité plus responsables. En somme, l’écoquartier souhaite faire la part belle à la nature en ville.
Pour vous donner un ordre d’idée, voici le concept d’une ville futuriste, Forest City, imaginée par le cabinet d’architecture allemand LAVA (Laboratory for Visionary Architecture). Une ville verte de 24 hectares qui pourrait à terme accueillir 700 000 habitants en Malaisie. Un projet assez fou qui symbolise une politique urbaine mondiale ambitieuse.
Mais avant de transformer nos villes en forêts amazoniennes habitables, une start-up française du nom de Woodoo souhaite révolutionner non pas la morphologie, mais la structure de nos villes en pariant sur des constructions en bois.
Du bois, oui, mais pas n’importe lequel !
Diplômé en Architecture à l’ENSA de Versailles, Timothée Boitouzet consolide sa formation avec un diplôme de Science des matériaux à Harvard. En 2016, il crée la start-up Woodoo. Plutôt que de se lancer dans une carrière d’architecte prospère, ce jeune Français a décidé de vivre l’urbanisme à travers son microscope à l’échelle moléculaire. Dans une société post-hydrocarbure, il s’est imaginé en menuisier du futur. Sa start-up transforme le bois traditionnel en un bois translucide et trois fois plus résistant.
“En France, 12% du bois qui pousse est utilisé dans la construction et 38% pour se chauffer. Les 50% restants, on n’en fait absolument rien. Ce bois dit ‘de faible constitution’ comme le peuplier, le pin des landes, le tremble… est donc un bois fragile car très poreux. Ces arbres-là, nous proposons de les revaloriser et de les transformer. On obtient alors du bois bionique”, nous explique le jeune entrepreneur.
L’alchimiste menuisier pour un bois presque invincible
Pour arriver au bois bionique, plusieurs étapes sont nécessaires. Tout d’abord, Woodoo retire la lignine, une fibre présente à 35% dans le bois qui lui donne son aspect rigide. Cette lignine est alors remplacée par des biomonomères, une substance organique qui renforce les liaisons atomiques entre les fibres du bois. Cette transformation confère alors au bois de nouvelles capacités. Si c’était un humain, on dirait que sa structure moléculaire est modifiée.
Ce bois devient imputrescible, il n’est plus soumis aux dégradations dues à l’humidité ou à l’air, cela ne va pas le déformer. Il est plus résistant au feu et trois fois plus solide que du bois ordinaire.
“Jusqu’ici, les constructions en bois ne pouvaient pas dépasser les douze étages. Avec cette innovation, on peut construire des immeubles entièrement en bois sur plus de 30 étages”, s’enthousiasme Timothée Boitouzet.
Enfin, le bois bionique réduit considérablement les émissions de CO2 par rapport au béton qui consomme beaucoup d’énergie lors de sa confection et de son transport. Plus facile à acheminer, le bois bionique nécessite quant à lui moins de temps de construction. Et donc moins de trafic routier.
Les Prix EDF Pulse 2017, pour une ville du futur esthétique et écologique
Finaliste dans la catégorie “Smart City” (ville intelligente) des Prix EDF Pulse 2017, la start-up Woodoo risque de révolutionner de manière organique nos immeubles de demain. Au risque que nos centres-villes ressemblent à un entassement de cabanes en bois ? Pas du tout. Car le bois bionique possède une dernière particularité et pas des moindres : il est translucide. Esthétisme et écologie ne sont donc pas incompatibles. En construction, le XIXe a été le siècle du fer, le XXe celui du béton et le XXIe sera, grâce à Woodoo, le siècle du bois.
Les Prix EDF Pulse 2017 regorgent de talents aussi variés qu’exceptionnels. Votez pour Woodoo pour lui permettre de remporter le Prix du public ou découvrez les projets des autres start-up finalistes dans les catégories Smart City, Smart Business, Smart Home et Smart Health en cliquant ici.