Les premiers Out d’or, récompensant le travail de représentation de la communauté LGBTQ+, se sont tenus ce jeudi 29 juin. Neuf prix ont été remis pendant une cérémonie forte et inspirante.
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Ce jeudi 29 juin s’est déroulée la première cérémonie des Out d’or. Elle était organisée par l’Association des journalistes lesbiennes, gays, bis et trans (AJL), qui avait été créée en 2013 durant la Manif pour tous et veut encourager la visibilité de la communauté. L’idée était, sur le modèle des GLAAD Media Awards, qui se tiennent tous les ans aux États-Unis depuis 1990, de récompenser des médias, personnalités et initiatives pour leur travail de représentation de la communauté LGBTQ+. Neuf prix ont été décernés hier soir à la Maison des métallos, à Paris, dans une cérémonie présentée par la journaliste Marie Labory et la comédienne Shirley Souagnon. Les prix ont été remis par Roselyne Bachelot, Bambi, Lilian Thuram, Rokhaya Diallo, Claire Chazal, Christophe Beaugrand, Daphné Bürki…
Le palmarès des Out d’or
L’Out d’or de la presse étrangère a récompensé le journal russe Novaïa Gazeta pour son enquête sur les persécutions des homosexuels tchétchènes, tandis que celui de la meilleure enquête a été attribué à Blaise Gauquelin du Monde pour son enquête publiée le 11 octobre 2016, “La ‘double peine’ des migrants homosexuels“. Sur scène, le journaliste a évoqué une “situation catastrophique”, deux ans après son article, soulignant que le cas des femmes lesbiennes notamment était “sidérant”. Avant d’expliquer que “pour les migrants, les ténèbres ne sont pas du tout levées”. Son prix lui a été remis par Bambi, qui a salué le rôle déterminant de la presse, déclarant que “l’information est une libération”. En remettant l’Out d’or du documentaire à Devenir il ou elle de Lorène Debaisieux et Lise Barnéoud, qui présentait des adolescents trans français et néerlandais, Lilian Thuram a lui abordé la question des préjugés liés à notre culture, appelant à changer nos conditionnements et notre imaginaire, et à accepter l’égalité.
L’importance de parler de la transidentité a été appuyée par Adrián De La Vega, jeune trans youtubeur qui milite pour une vraie écoute et des droits effectifs à travers des vidéos informatives cassant les clichés sur les personnes trans. L’Out d’or de l’entreprise a lui été remis à Système U pour sa campagne de publicité contre les stéréotypes sexistes des catalogues de jouets.
Le OUT d'or "Entreprise" remis à @U_LESMAGASINS pour cette campagne contre les stéréotypes sexistes des catalogues de jouets #AJLawards pic.twitter.com/222LG7LHyt
— Claire Underwood (@ParisPasRose) 29 juin 2017
C’est ensuite Leïla Slimani qui a été récompensée de l’Out d’or du coup de gueule, pour sa condamnation de la pénalisation de l’homosexualité au Maroc, dans C à vous sur France 5 le 3 novembre 2016. Et l’Out d’or de la création artistique est revenu à la fois au film de Robin Campillo 120 battements par minute, et à celui d’Amandine Gay, Ouvrir la voix. C’est Rébecca Chaillon qui est venu recevoir le titre en son nom, avec fierté et en sous-vêtements, pour transmettre un message afroféministe fort : “Je suis afro et j’en suis fière”.
"Je suis afro et j'en suis fière" Rébecca Chaillon fantastique sur scène ! Bravo à elle ! #AJLawards pic.twitter.com/ked0ehlkdc
— AJL (@ajlgbt) 29 juin 2017
L’Out d’or de la rédaction engagée a récompensé le journal L’Union-L’Ardennais pour sa publication, le 23 novembre 2016, dans son édition de Châlons-en-Champagne, d’un “mur de la honte” affichant les commentaires homophobes reçus après un article sur une campagne d’affichage contre le VIH mettant en scène des couples d’hommes. La rédaction avait ensuite réalisé un “mur de l’espoir” avec les commentaires des lecteurs soutenant la campagne et les droits LGBT+. L’engagement a aussi été distingué avec l’Out d’or de la personnalité politique Chaynesse Khirouni, pour son rôle précieux dans les débats pour l’amélioration de la loi consacrée au changement d’état civil des personnes trans.
Une cérémonie forte qui a appelé à “respecter les minorités”
Le gala a rendu hommage aux personnes de la communauté LGBTQ+ persécutées, en Tchétchénie ou encore en Arabie saoudite. Cela a aussi été l’occasion de revenir sur le traitement de l’homosexualité à la télévision française sur 60 ans, avec une vidéo de l’Ina, et sur des propos qui y ont récemment été tenus. L’animateur Cyril Hanouna a été évoqué, d’abord avec ironie par les deux présentatrices, puis plus sérieusement par l’animateur de TF1 Christophe Beaugrand. Ce dernier est l’un des rares animateurs français à avoir rendu son homosexualité publique, et en venant remettre un prix, il a lu quelques-uns des messages homophobes qu’il avait reçus, comme un particulièrement violent “Sale pédale, grosse tarlouze, ta mère aurait dû t’achever à la naissance”. Cette homophobie, la rédaction de L’Union-L’Ardennais a elle aussi tenu à la faire entendre, pour la dénoncer haut et fort avec un enregistrement vocal menaçant.
Christophe Beaugrand a toutefois précisé qu’il recevait “surtout des messages de jeunes qui [lui] disent que ça les a aidés”, pour souligner que “la question de la visibilité dans les médias est très importante”. Tout en déclarant, par rapport à l’émission de Cyril Hanouna Touche pas à mon poste sur C8, qu’“il ne suffit pas de parler d’homosexualité, il faut en parler intelligemment”. La renaissance du magazine Têtu a ainsi été saluée par Marie Labory et Shirley Souagnon, tandis que Rokhaya Diallo a tenu à signaler :
“Respecter les minorités, notamment les LGBT, c’est le minimum, c’est pas de l’engagement.”
Cette cérémonie importante et complète est à revoir en replay, en attendant sa prochaine édition.