Être une femme sur YouTube peut être drôlement compliqué au quotidien : le documentaire Elles prennent la parole met l’accent sur les vidéastes françaises.
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Quand on nous dit “youtubeuse”, on a tendance à penser à des sujets dits “féminins” : la beauté, la mode ou encore la cuisine. Et dans le top 100 des chaînes françaises, on ne trouve qu’une dizaine de youtubeuses, qui parlent en grande majorité de ces sujets. Une dizaine, alors que la plateforme compte plus d’un milliard d’utilisateurs et d’utilisatrices, et que le site fait partie intégrante du quotidien des jeunes Français. Pourtant, elles sont non seulement nombreuses, mais elles parlent aussi d’autres sujets : de la science à la musique, en passant par le gaming, les sujets de société ou encore le cinéma.
Dès lors, comment mettre en avant ces créatrices ? Deux réalisatrices, Léa Bordier et Lisa Miquet (que vous avez peut-être déjà croisée sur Cheese), sont parties à la rencontre d’une quinzaine de youtubeuses à travers la France. Elles leur ont demandé pourquoi elles s’étaient lancées sur YouTube, à quels obstacles elles avaient été confrontées… et ce qui leur donnait envie de continuer. Cela donne le très léché documentaire YouTube : Elles prennent la parole, diffusé gratuitement sur la chaîne du collectif les Internettes, dont Léa et Lisa font partie, qui milite pour encourager les femmes vidéastes à se lancer sur YouTube.
Harcèlement, insultes et menaces
Florence Porcel, Solange te parle, Esther, Lola Dubini, Sophie Riche, Klaire fait grr, Natoo, Charlie des Revues du Monde… les créatrices racontent leurs problèmes de confiance en elles et la difficulté de se lancer quand on n’a pas de modèle féminin et qu’on reçoit des torrents de critiques sexistes. Parce que ce sont des femmes (souvent jeunes), on a tendance à les trouver moins justes pour parler de sujets étiquetés comme “masculins”. Pourtant, même pour des sujets dits “féminins”, il est mal vu de réussir à avoir du succès et d’en faire un business. Un double standard dont souffrent ces vidéastes – les sujets beauté et cuisine n’étant pas considérés comme du travail et du contenu sérieux, tandis que le contenu dit “sérieux” est systématiquement décrédibilisé quand il est traité par une femme.
Être une femme sur YouTube, c’est aussi subir le harcèlement de certains abonnés, des menaces de viol et/ou de mort, les insultes quotidiennes et les remarques incessantes sur le physique. Pour Laurence Rossignol, ministre des Droits des femmes, c’est un certain miroir de la société qui s’exprime également via des commentaires homophobes ou racistes, ainsi que des injonctions incessantes à la beauté et la sexualité stéréotypées.
Éloïse, avocate et youtubeuse, précise que YouTube a à cet égard un statut particulier : étant considéré comme ayant une activité d’hébergeur, sa responsabilité est limitée – même si la plateforme propose des outils de censure des commentaires. Face à ces recours, qui restent limités pour les vidéastes, les réalisatrices demandent à constituer plus de modèles, à donner toujours plus d’exemples pour encourager les filles à se lancer sur YouTube, à se donner le droit de parler et d’être ambitieuses.
Encourager la création féminine sur YouTube
Sur les sujets de la maladie, du handicap ou encore du racisme, les youtubeuses soutiennent qu’elles ont trouvé une formidable plateforme d’expression et de représentation. Si les détracteurs se font beaucoup entendre, elles se constituent aussi de formidable communautés qui les soutiennent au fil de leurs vidéos.
Elles prennent la parole met ainsi en lumière les difficultés quotidiennes des youtubeuses sans les minimiser, tout en montrant tout le côté gratifiant de la plateforme, et l’épanouissement de ses créatrices qui n’ont pas l’intention de se laisser dicter leur conduite. On ne peut que vous conseiller très vivement de regarder ce beau documentaire juste et rythmé, qui met l’accent sur la création féminine sur Internet… en cours et à venir !
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