Destination art brut en France : ces lieux hors normes qui valent le détour

Destination art brut en France : ces lieux hors normes qui valent le détour

Au détour des routes de France, on peut découvrir des maisons et des monuments façonnés par des artistes amateurs ou en marge du circuit de l’art avec les moyens du bord et, souvent, pendant toute une vie.

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Pas besoin de partir loin pour plonger dans un autre monde. En se baladant en France, on peut tomber, au détour d’une route, sur des œuvres réalisées par des personnalités poussées par leurs pulsions créatives, qui façonnent leur monde suivant leurs envies, et donnent naissance à des lieux spectaculaires. On regroupe souvent ces créations sous le terme d’art brut, qui désigne généralement des œuvres produites par des amateurs, loin des codes et des influences des “professionnels” de l’art.

Konbini vous propose de tracer la route avec une sélection de lieux hors normes, souvent poétiques, parfois inquiétants, toujours magiques et intrigants. Suivez le guide !

Voyage dans des mondes magiques

La France regorge de petits lieux insolites, qui permettent de s’immerger, le temps d’une balade, dans l’imaginaire de quelqu’un d’autre. Plus singuliers que les parcs d’attractions, ces endroits sont tout aussi saisissants.

Le Palais idéal du facteur Cheval – Hauterives (Drôme)

Commençons par le plus célèbre. Ce monument – aujourd’hui classé – a été construit par Ferdinand Cheval (1836-1924), qui a exercé le métier de facteur de 1879 à 1912. Ce palais, il l’a élaboré avec les pierres qu’il ramassait pendant sa tournée quotidienne. L’édifice, peuplé de figures mystiques et exotiques, mesure 12 mètres de haut fut qualifié par André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles comme étant “le seul exemple en architecture de l’art naïf” lorsqu’il défendit son cas devant la commission des Monuments historiques.

→ 8, rue du Palais, Hauterives. Infos : www.facteurcheval.com

Château Bresse et Castille – Damerey (Saône-et-Loire)

Lorsqu’il était marin, Roger Mercier a vu du pays. Inspiré par ses voyages et désirant offrir un endroit pas comme les autres à sa femme, il se lance dans la construction d’un château. Pour cela, il utilise tout simplement ce qu’il a à sa disposition : ses bras, du béton, un seau, une brouette, une pelle et pas mal de patience (pour la tour qui offre un point de vue à 17 mètres de hauteur, il lui aura fallu 295 seaux de béton).

→ 33 route de Dole, Damerey. Infos : www.damerey.fr

Utopix – Sainte-Enimie (Lozère)

À la fin des années 1970, Jo Pillet, artiste peintre et sculpteur, se lance avec sa famille dans la construction d’“un habitat genre architecture vitale”. Dans ce lieu de vie et d’exposition, la courbe est reine. Autour de la maison, des sculptures de l’artiste font office de jeux.

→ La Sirvente, Sainte-Enimie. Infos : www.utopix-lozere.fr

La villa des Cent Regards – Montpellier (Hérault)

Dans les années 1950, Victor Grazzi, un maçon italien, s’installe avec sa femme à Montpellier, où il construit progressivement la bâtisse de leurs rêves. Les constructions de cet adepte du béton sont quasiment intégralement réalisées dans ce matériau, même les portes et les volets.

→ 1 000 bis, rue de la Roqueturière, Montpellier. Infos : la-villa-des-cent-regards.fr. cent.regards@gmail.com

La closerie Falbala – Périgny-sur-Yerres (Val-de-Marne)

Avec ses lignes noires et blanches, la closerie Falbala paraît presque minimaliste par rapport aux autres. La visite de cet édifice imaginé par l’artiste Jean Dubuffet (premier théoricien de “l’art brut”) au début des années 1970 vous plongera dans un environnement graphique et perturbant.

→ Sente des Vaux, Périgny-sur-Yerres. Infos : www.dubuffetfondation.com

La maison de Robert Tatin – Cossé-le-Vivien (Mayenne)

Robert Tatin, inspiré par les mythes d’Orient et d’Occident, a transformé à partir des années 1960 sa maison en une œuvre monumentale. À l’entrée, un dragon accueille les visiteurs, qui peuvent ensuite croiser des géants de ciment représentant d’illustres personnages comme Vercingétorix, Pablo Picasso, Jules Verne… avant d’arrêter le temps dans le jardin des Méditations, orné de sculptures.

→ Musée Robert-Tatin, la maison des Champs “la Frénouse”, Cossé-le-Vivien. Infos : www.musee-robert-tatin.fr

Découvertes poétiques au cœur de la nature

Le bord de l’eau, le fond d’une grotte, la présence imposante des arbres peuvent inspirer de folles créations. Si vous voulez à la fois vous mettre au vert et en prendre plein les mirettes, voici quelques bonnes adresses, imprégnées d’une aura mystérieuse, où l’art se mêle aux paysages :

Les rochers sculptés de Rothéneuf – Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)

L’abbé Fouré, décédé en 1910, a marqué de son passage les rochers de Rothéneuf, près de Saint-Malo. Ermite sourd et muet, il grave environ 300 figures dans la roche, des personnages qu’on s’attendrait plus à retrouver dans un manga que dans une église. Ses étonnantes créations constituent un jeu de piste fantastique au bord de la mer.

→ Chemin des Rochers-Sculptés, Rothéneuf. Infos : www.saint-malo-tourisme.com

L’hélice terrestre – Saint-George-des-Sept-Voies (Maine-et-Loire)

Cette étrange construction, aux allures de labyrinthe mystique, a été réalisée par Jacques Warminski. Entre la grotte sculptée et l’amphithéâtre, c’est un espace à part, dans lequel le visiteur s’immerge totalement. Des concerts sont régulièrement organisés dans ce lieu troglodytique à l’acoustique et l’ambiance étonnantes.

L’Orbière, Saint-George-des-Sept-Voies. Infos : www.facebook.com

Les sculptures monumentales de Jacques Servières – Chessy ( Seine-et-Marne )

De l’aqueduc aérien de la Dhuys, bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale, ne reste que des blocs de pierre au bord de la Marne. Depuis 1987, le sculpteur Jacques Servières les transforme en sculptures monumentales. Son jardin de sculptures, qui s’enrichit de deux œuvres par an, longe le chemin de randonnée GR14.

Ancien chemin de Meaux, Chessy. Infos www.balades-en-brie.com

La cave aux sculptures – Dénézé-sous-Doué (Maine-et-Loire)

En descendant dans cette grotte, on trouve plus de 100 personnages sculptés, d’autant plus mystérieux que leur origine est inconnue… Ils dateraient de la fin du XVIe siècle ou du début du XVIIe. Vu leurs postures, souvent grotesques et loin des convenances, on devine juste que ce travail n’était pas validé par l’Église.

→ Rue de la Caverne, Dénézé-sous-Doué. Infos : www.ot-saumur.fr

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Jardin des pierres, au bord d’une rivière – Alas (Ariège)

Un jour, Robert Mathey descend au bord de la rivière, à côté de chez lui, et commence à aménager l’espace. Pendant vingt-cinq ans, il va élaborer des personnages mystérieux, qui veillent toujours sur les promeneurs.

→ Village d’Alas. Infos : www.ariege.com

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Les décorateurs de l’extrême

Maîtres de la récup, amateurs de détournement, créatifs compulsifs… Certains représentants de l’art brut ont marqué leur environnement proche, transformant leur habitat dans une explosion de couleurs et de matériaux hors normes…

La cathédrale de Jean Linard – Neuvy-Deux-Clochers (Cher)

Construit entre 1983 et 2010, ce bâtiment devait être au départ une chapelle. C’est finalement devenu une cathédrale, tout aussi imposante que surprenante, où la foi est célébrée comme un lien entre tous les hommes. Pour le décorer, Jean Linard se fournit chez le célèbre fabricant des “émaux de Briare”, où il fait l’acquisition de carreaux avec des défauts qu’il transforme en mosaïque.

→ Neuvy-Deux-Clochers. Infos : cathedrale-linard.com

La maison Picassiette – Chartres (Eure-et-Loir)

Dans les années 1930, Raymond Isidore décide de décorer sa maison, qu’il a lui-même construite, en réalisant des mosaïques avec des morceaux de verre, de porcelaine ou d’autres matériaux, qu’il glane autour de lui. Aucun détail n’est laissé de côté, c’est l’œuvre d’une vie.

→ 22, rue du Repos, Chartres. Infos : www.chartres.fr

“La maison de celle qui peint” – Pont-de-l’Étoile (Bouches-du-Rhône)

Dans la maison-atelier de Danielle Jacqui, peintures, mosaïques, et broderies cohabitent naturellement, et débordent sur la façade. Artiste polyvalente, Danielle Jacqui est aussi la fondatrice du Festival d’art singulier du pays d’Aubagne.

→ Pont-de-l’Étoile, Roquevaire. Infos : www.tourisme-paysdaubagne.fr

La Forge – Honfleur (Calvados)

Florence Marie a façonné, depuis 1994, une maison, un jardin et un souterrain pas comme les autres. Entre les murs de cette bâtisse située dans un village médiéval, elle installe progressivement des créatures bariolées, décore avec des éléments de récupération variés, se laissant entraîner après avoir simplement cherché à camoufler un bout de mur triste.

25 rue de la Foulerie, Honfleur. Infos : www.facebook.com et www.florencemarielaforge.com.

Des lieux obscurs et fascinants

Avec leurs structures de bric et de broc, composées à partir de matériaux de récupération qui évoquent le monde industriel, certains lieux possèdent une énergie latente fascinante pour le visiteur, une atmosphère post-quelque chose qui ne laisse pas indifférent.

Le village d’art préludien de Chomo – Achères-la-Forêt (Seine-et-Marne)

Ce village a été construit à partir de 1941 par un ermite libre, artiste touche-à-tout, critique qui se positionne en dehors du système de l’art : Roger Chomeaux.

Achères-la-Forêt. Info : www.facebook.com

La demeure du Chaos – Saint-Romain-au-Mont-d’or (Rhône)

Un musée d’art contemporain pas comme les autres, initié par l’artiste/homme d’affaires Thierry Ehrmann. La structure est visuellement percutante, un peu trop au goût du voisinage bourgeois. Le projet de l’artiste : donner à voir de manière onirique “ce XXIe siècle tragique et somptueux”. Le ton est donné.

Domaine de la Source, Saint-Romain-au-Mont-d’or. Infos : www.abodeofchaos.org

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Les centres d’art brut : se regrouper pour créer sans contraintes, et sans solitude

Dans des lieux situés “au milieu de nulle part”, des personnes se regroupent pour profiter de l’espace et de la tranquillité. Des alchimies créatives s’opèrent, et des communautés éphémères œuvrent à la construction commune de quelque chose d’unique. L’expérience laisse des traces, et les spectateurs peuvent, eux aussi, profiter de ces bulles créatives.

Le “musée des Arts buissonniers” – SaintSever-du-Moustier (Aveyron)

Non loin du “musée des Arts buissonniers” se trouve un palais imaginaire, dont la construction évolue lors du passage de groupes d’adolescents qui se succèdent chaque été depuis 2002, dans “le chantier de la construction insolite”.

→ Place du village, Saint-Sever-du-Moustier. Infos : www.lesnouveauxtroubadours.fr/arts-buissonniers/le-musee

L’inclassable village d’art de GorodkaSarlat (Dordogne)

Ce village, que construit Pierre Shasmoukine depuis les années 1970, accueille régulièrement d’autres artistes, qui laissent aussi leurs traces. En plus de huit galeries, trois parcours dans la forêt présentent des œuvres construites à partir de néons et d’autres matériaux récupérés. Une bonne cure d’énergie créative !

→ Près de Sarlat. Infos : www.sarlat-tourisme.com/za-gorodka

Les Lapidiales – Port-d’Envaux (Charente-Maritime)

Les Lapidiales, c’est “un espace d’art en perpétuelle évolution où des sculpteurs de tous pays, au fil des décennies, travailleront à l’œuvre commune” en dehors des musées. Les générations d’artistes aux pratiques variées (danse, écriture, musique…) se succèdent, le lieu n’arrête jamais de vivre, d’inspirer, d’évoluer. En 2017, les artistes invités viennent du Pérou, du Mexique, de France, du Brésil et du Costa Rica.

Port-d’Envaux. Infos www.lapidiales.org

Pour en savoir plus :