Cette archive est un voyage chronologique de cinq siècles, dont de fil conducteur est une collection de visages de modèles féminins illustrés en morphing.
C’est une archive qui mérite le coup d’oeil. Dénichée par ArtFido, cette vidéo est une plongée dans l’histoire de l’art pictural occidental. Un voyage chronologique de cinq siècles – du XVIème au XXème – dont le fil conducteur est une collection de visages de modèles féminins.
Ces peintures sont racontées en un morphing vidéo de trois minutes qui apporte une unité à l’agencement de ces chefs-d’oeuvre. La multitude de portraits se retrouve alors regroupée en un seul et unique être cohérent. Un visage dont les formes et les rondeurs évoluent au fil du temps. Différentes expressions se succèdent alors, régies par une palette d’émotions dont les nuances évoluent selon les époques, et dont les tons changent en fonction des styles.
La Femme au chapeau de Matisse, la Tête raphaélesque éclatée de Dali, La Joconde de De Vinci, la Maternité de Picasso et 86 autres portraits (dont les identités sont à retrouver juste ici) forment une partition imagée dont la poésie est amplifiée par la musique l’accompagnant : un classique de Jean-Sébastien Bach s’il vous plaît – suite n°1 en Sol majeur interprétée par Yo-Yo Ma, violoncelliste américain d’origine chinoise.
À noter que les peintures deviennent plus abstraites au fil du temps, avec un regard de la réalité plus lointain. De quoi obtenir une approche différente de la beauté de la femme d’une époque à l’autre.
Pour accompagner cette vidéo, un poème de Baudelaire dans le même thème, pour un peu plus se pencher sur la beauté de la femme dans la peinture :
Petits poèmes en prose, XXXVI – Le Désir de Peindre.
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Malheureux peut-être l’homme, mais heureux l’artiste que le désir déchire !
Je brûle de peindre celle qui m’est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu !
Elle est belle, et plus que belle ; elle est surprenante. En elle le noir abonde : et tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l’éclair : c’est une explosion dans les ténèbres.
Je la comparerais à un soleil noir, si l’on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. Mais elle fait plus volontiers penser à la lune, qui sans doute l’a marquée de sa redoutable influence ; non pas la lune blanche des idylles, qui ressemble à une froide mariée, mais la lune sinistre et enivrante, suspendue au fond d’une nuit orageuse et bousculée par les nuées qui courent ; non pas la lune paisible et discrète visitant le sommeil des hommes purs, mais la lune arrachée du ciel, vaincue et révoltée, que les Sorcières thessaliennes contraignent durement à danser sur l’herbe terrifiée !
Dans son petit front habitent la volonté tenace et l’amour de la proie. Cependant, au bas de ce visage inquiétant, où des narines mobiles aspirent l’inconnu et l’impossible, éclate, avec une grâce inexprimable, le rire d’une grande bouche, rouge et blanche, et délicieuse, qui fait rêver au miracle d’une superbe fleur éclose dans un terrain volcanique.
Il y a des femmes qui inspirent l’envie de les vaincre et de jouir d’elles ; mais celle-ci donne le désir de mourir lentement sous son regard.