Insultes, expulsions apparemment injustifiées et violences, l’équipe de sécurité du Nüba est sérieusement remise en cause par les clubbers.
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C’est le magazine Tsugi qui s’est intéressé à ces accusations après avoir lu plusieurs commentaires de personnes mécontentes sur la page Facebook du club parisien. Le 26 août, la salle organisait une soirée Fluogram, avec 2 000 personnes et peinture phosphorescente dans une ambiance sombre. Mais à la porte d’entrée du Nüba, la soirée a dégénéré.
Plusieurs témoignages exprimés sur Facebook, à la rubrique “avis” de la page du club, déplorent l’attitude des agents de sécurité du Nüba. On peut y lire : “Attention aux affreux chiens de garde de la porte! Aussi bêtes que méchants” ou encore “Si vous voulez un endroit avec un staff ouvert d’esprit, accueillant et cool ainsi qu’une bonne ambiance , N’ALLEZ PAS LÀ-BAS.” S’il n’y a jamais eu autant de commentaires sur la page que depuis cette soirée du 26 août, on remarque en remontant le fil de la page que ce n’est pas la première fois que la sécurité à l’entrée est critiquée.
Le 18 août, par exemple : “Les portiers, des types exécrables, mal polis et violents ont dit que ma copine n’allait plus monter – même si son sac avec toutes ses affaires était là-haut, au bar.” Le 13 août : “Des videurs qui se permettent de refouler sur des critères de genre dignes des années 1930.” Et le 11 juillet : “Des vigiles vraiment lamentables dans leur comportement.” Le photographe Sylvain Lewis avait déjà publié un post sur sa page Facebook le 24 août, écrivant : “Au videur à l’extérieur du Nüba qui n’a pas laissé mes amis noirs rentrer, va te faire foutre.”
“Tu fermes ta gueule et tu dégages”
Mais outre le côté désagréable apparemment inhérent aux videurs, ces derniers auraient eu un comportement homophobe, transphobe et raciste pendant la soirée du 26 août. Tsugi a contacté Candy et Eman, les organisateurs de la soirée Fluogram, pour savoir si les accusations proférées par les internautes étaient justifiées. Ils se sont dits “extrêmement choqués” par l’attitude de l’équipe de sécurité à l’entrée. “Tous nos amis hétéros inscrits sur la liste sont rentrés sans problème. Les gays, non”, explique Candy. Le papier égrène divers témoignages rapportant les paroles dures qu’auraient prononcées les videurs : “Ton DJ, je m’en fous, on en a plein, si je ne veux pas qu’il joue, il ne joue pas” ou encore “Tu fermes ta gueule et tu dégages”.
Raya Martigny, mannequin transgenre qui travaillait ce soir-là au stand de maquillage a tenu à témoigner sur son profil de la façon dont elle s’était fait “agressée verbalement puis physiquement par le staff“. Le coorganisateur Eman aurait tenté de lui venir en aide mais se serait entendu dire par les videurs “Toi, tu dégages ou je te mets dehors aussi”.
Jean Janin, patron du label Roche Musique a partagé son post, comme beaucoup de cadors du monde de la scène électronique française. Certains musiciens comme Kartell ont d’ailleurs annoncé qu’ils boycotteront dorénavant la salle tant qu’il n’y aura pas d’amélioration : “J’avais des offres pour y jouer mais je mets une croix sur ce club à l’avenir“, commente-t-il sous le post partagé par Jean Janin.
Tsugi a contacté le gérant de la boîte, Paul-David Bensemoun, qui manage la sécurité, afin de comprendre ce qui s’était passé : “On a fait plusieurs soirées gays ou lesbiennes au Nüba, sans aucun problème. Mais jamais plus je ne referai de soirée comme ça, où l’on mélange les communautés : j’ai entendu des insultes, des moqueries, et je n’aime pas ça”, raconte-t-il. S’il avoue qu’il y a eu des débordements, il nie leur importance et récuse les accusations de racisme, et autres insultes, portées par les internautes : “Il suffit qu’un membre d’une communauté se sente agressé pour que toute la communauté se ligue et exagère. Nous ne sommes pas homophobes ou racistes : plusieurs membres du staff sont homosexuels, noirs, arabes… Peu importe !”
Mercredi 31 août, soit une semaine après les faits, l’équipe du Nüba a partagé un post sur sa page Facebook face au déferlement de remarques et d’avis négatifs. Elle s’excuse auprès des participants des désagréments que certains ont pu subir, annonçant que “des mesures ont été prises et que l’équipe est en cours de remaniement“.
Si les remarques négatives et les mauvaises notes se sont multipliées dans la rubrique “avis” de la page Facebook du Nüba, d’autres continuent d’apprécier l’ambiance du lieu, et affirment ne jamais avoir eu de problèmes à l’entrée. Et ce malgré le fait que l’article de Tsugi concernant les débordements de la sécurité soit presque systématiquement posté sous chaque commentaire positif. Le Nüba a-t-il donc une chance de se sortir de ces critiques ?