À l’aube de la trentaine, Robert Pattinson bâtit pierre par pierre une carrière passionnante. Preuve en est avec son excellente composition dans Good Time des frères Safdie, sélectionné en compétition à Cannes.
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Il aurait pu rester confortablement installé dans son image de beau gosse et de produit marketing. Mais il en a décidé autrement. Et c’est tant mieux. À 31 ans, Robert Pattinson continue de prendre ses distances, avec un flegme pugnace, de l’empreinte Twilight, cette fameuse saga vampirique qui a fait de lui le tombeur planétaire de ces dames. Comme sa partenaire à l’écran Kristen Stewart, l’ex-Edward Cullen a ainsi préféré s’éloigner du cinéma pop-corn pour épouser une trajectoire indé autrement plus emballante. Tout commence vraiment en 2011, année au cours de laquelle il fait sa mue au Festival de Cannes en trustant la tête d’affiche de Cosmopolis.
D’abord sceptique à l’idée d’une association Pattinson/Cronenberg, le public comprend très vite que sous l’épiderme du sex-symbol se cache en réalité un grand acteur, attendant patiemment d’éclore. Son interprétation du golden-boy né sous la plume du romancier américain Don DeLillo séduit immédiatement. Quelque chose palpite en lui. David Cronenberg le comprend et transforme deux ans plus tard le comédien britannique en chauffeur de limo pour les besoins de Maps to the Stars. Là encore, Robert Pattinson, qui a tourné entre-temps The Rover sous la houlette de David Michôd, foule le tapis rouge cannois, en compétition.
Au pays des auteurs, de Werner Herzog à James Gray
À mesure que le temps passe, Twilight disparaît ainsi de son horizon comme la fumée d’une cigarette dans un vent de changement. Le temps est venu de privilégier la qualité du scénario et l’étoffe du cinéaste. S’il trébuche dans le très dispensable Queen of the Desert de Werner Herzog, Robert Pattinson brille avec Life où, dirigé par Anton Corbijn, il se glisse dans la peau de Dennis Stock, célèbre photographe qui signa les clichés les plus connus de James Dean. Cette année, on l’a aussi redécouvert chez l’un des plus grands auteurs actuels, le maestro James Gray, qui l’a plongé dans la touffeur de l’Amazonie dans l’immense The Lost City of Z. Objectif ? La découverte d’une mystérieuse civilisation.
Robert Pattinson confirme dès lors, puissance 10, sa prise de distance avec les projets clés en main. L’année 2017 acte ce constat, puisqu’elle marque sa troisième sélection en compétition à Cannes. L’intéressé s’est associé à la verve de jeunes metteurs en scène – les frérots Ben et Josh Safdie – pour visiter des terres nouvelles. Il livre dans Good Time une performance impressionnante en endossant le rôle d’un bras cassé prêt à tout pour faire évader son frère de taule après un braquage raté. Look crado, cheveux teints en blond platine, il balade son regard halluciné dans une ville de New York interlope, faite de néons et de taudis. De quoi lui permettre de rejoindre la short-list des candidats au prix d’interprétation masculine.
Et sachez que Mister Pattinson n’est pas près de s’arrêter en si bon chemin. Oh que non. Sa besace est en effet garnie de projets alléchants. On le retrouvera bientôt devant la caméra de la réalisatrice française Claire Denis pour High Life, un film de science-fiction dont l’action se déroulera dans l’espace. Par ailleurs, après avoir donné un nouveau souffle à son ancienne partenaire de Twilight, Kristen Stewart, avec Sils Maria et Personal Shopper, Olivier Assayas le placera au centre du drame policier Idol’s Eye aux côtés de Sylvester Stallone et Rachel Weisz. Aucun doute : Robert Pattinson, en confortant son statut d’électron libre, devrait avoir de très beaux jours cinématographiques devant lui.