Épisode 1. Swift Guad, le narvalo
Konbini | Comment est née l’idée de ce documentaire ?
Mathieu Bidan | On est quatre en tout à avoir bossé sur ce projet, une bande de potes qui s’est rencontrée en école de journalisme. Pendant nos pauses déjeuner, on matait souvent des documentaires sur le hip-hop aux États-Unis : les séries de Noisey ou les webdocs de Gasface. On se demandait toujours “pourquoi personne ne raconte ce type d’histoires en France ?”. C’est parti comme ça.
Comment s’est passée la rencontre avec Swift Guad ?
On l’a croisé à la conférence de presse du Narvalow City Show dans les locaux de Simplon à Montreuil. On lui a parlé du projet et il a tout de suite adhéré à l’idée. Quelques jours plus tard, on le retrouvait au Pheno Menal studio à Saint-Michel, une sorte de cave aménagée. Il était en train d’enregistrer pour Vice et Vertu 2, son dernier projet.
On était en cabine avec lui pour le filmer, il a pris le temps de répondre à nos questions. On l’a revu pour une petite virée dans la ville, en concert au café La Pêche de Montreuil et même avec son pote Giuseppe qui lui avait conçu un petit grillz en or blanc.
Pourquoi lui pour ce premier épisode ?
Swift Guad, c’est le rappeur emblématique de la ville. Il a grandi là-bas, il a toujours une rime pour Montreuil dans ses chansons et aujourd’hui il est même animateur pour la mairie. Il incarne aussi l’influence gitane de la ville, il y a beaucoup d’argot dans ses chansons. Et puis, c’est un mec avec qui on se marre bien, il a la punchline facile.
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Épisode 2. Big Budha Cheez, “M. City” citizen
Comment le tournage s’est-il déroulé ?
On a commencé à tourner avec Big Budha Cheez avant la fin de l’été et là on vient tout juste de mettre en ligne le troisième épisode. On est tous journalistes dans des médias différents avec des emplois du temps qui varient donc ça a été pas mal de bidouille pour s’organiser et même pour le tournage.
On n’avait pas vraiment de moyens donc on a dû faire comme on pouvait. Par exemple, le « travelling » qu’on voit avec les low riders dans le générique ou l’épisode 3, on a fait ça dans une rue à Montreuil. Je conduisais à 2km/h, un de nous était dans le coffre pour filmer et les deux autres faisaient la circulation. On commençait à créer un bouchon.
Pourquoi avoir choisi Montreuil ?
Tous les ans, Montreuil accueille le Narvalow City Show, le plus grand festival de rap indé en France. Cette année, il y avait 3000 personnes, des dizaines d’artistes, la Scred Connexion, Kacem Wapalek ou Vald. Ce n’est pas un hasard que ce soit à Montreuil…
Épisode 3. Narvalow City Show
… Un des quatre réalisateurs habite dans la ville. Il nous parlait souvent du côté artistique de Montreuil. Et pourtant, on n’y pense pas immédiatement quand on évoque le rap et le 93.
Après, il y a aussi l’histoire de la ville qui nous intéressait. Pour résumer : comment Montreuil, un bastion communiste, est devenu une ville bobo. C’est à l’image du mouvement qui s’opère en Seine-Saint-Denis : de plus en plus de Parisiens, plus aisés, viennent s’installer dans la ville. Avec des rappeurs qui sont nés là-bas, qui y travaillent encore, on pense avoir de bons interlocuteurs.
Pensez-vous que Montreuil et son rap sont quelque peu oubliés voire sous-estimés aujourd’hui ?
C’est vrai que si l’on parle du rap du 93, on va d’abord penser à Saint-Denis parce que NTM, à Aubervilliers avec Mac Tyer, Sevran aujourd’hui avec Kaaris. Ce qui manque à Montreuil, c’est une grosse tête d’affiche qui installe la ville sur la carte du rap français. Malgré ça, il y a une vraie scène, Swift Guad, Big Budha Cheez, Soklak que l’on voit dans le docu, mais aussi La Canaille ou L’Uzine. C’est une ville qui est énormément liée aux artistes donc forcément le rap est très présent aussi.
Quelle ville pour une éventuelle prochaine série d’épisodes ?
C’est vrai que l’on aimerait bien décliner le concept. On verra si ça se fait, mais pour les villes, il y a plusieurs choix possibles. Pendant le tournage, Fiasko Proximo, un des membres de Big Budha Cheez, nous a parlé de la scène bruxelloise. Ils avaient été en concert là-bas et l’ambiance était très chaude. A priori, il y a pas mal de groupes, d’open-mics, de styles différents. Autrement, il y a beaucoup de villes de province qui ont une scène aussi maintenant, donc ça fait pas mal d’histoires à raconter.