Comme Beavis et Butthead
Pour rappel, le headbanging, c’est le mouvement de tête pratiqué par le peuple métallique – dont les duos Wayne & Garth et Beavis & Butthead sont sans doute les meilleurs ambassadeurs. Alors que la page Wikipédia en mentionne une quantité aux variétés très classées (de haut en bas, de droite à gauche, le “moulin à vent”, etc.), croyez-moi, l’important c’est de se laisser aller au rythme de la batterie.
Il faut l’appréhender tel une forme de danse solitaire, appliquée à une musique qui ne groove pas, qui ne swingue pas, mais qui pilonne, qui martèle, qui poutre. Non, elle ne recherche pas la grâce, mais après tout pourquoi pas ? À chaque genre musical son expression corporelle.
Voilà alors que le bon docteur Mascret, drapé de sa science et de son titre, rappelle un faits divers qui faisait les choux gras de la presse numérique cet été : les neurochirurgiens de l’hôpital de Hanovre, en Allemagne, ont traité un patient se plaignant de violentes douleurs au crâne depuis deux semaines. Sans antécédent clinique chez leur sujet, les toubibs déclarent que c’est à cause du concert de Motörhead auquel il aurait assisté un mois auparavant. Un scanner crânien révèle alors la présence, côté droit, d’un hématome sous-dural – il faut opérer.
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L’angoisse du syndrome du “bébé secoué”
Essayez d’écouter des chansons comme “Moon River” plutôt que “Highway To Hell” […] De plus, il serait bon que les musiciens apposent des messages sur leurs CDs pour prévenir des risques du headbanging.
La solution pour les musiciens de metal : arrêtez les chansons rapides et posez un sticker sur vos disques pour avertir des dangers physiques liés à l’écoute de votre musique. Hum-hum. Sans vouloir remettre en cause la dignité qu’impose la fonction des chercheurs australiens ou du docteur Mascret, il y a un bon nombre de raisons pour qualifier leurs conclusions d’absurdes.
Le site Encyclopedia Metallum, bible de référence en matière de metal, répertorie un peu plus de 100 000 groupes de metal à travers le monde entier. Évidemment, certains n’existent plus, d’autres sont des doublons et quelques-uns encore ne comptent qu’un seul membre dans leur groupe. Mais nous ne parlons là que des musiciens. Imaginez bien que de Los Angeles à Phuket et de Johannesburg à Oslo, les headbangers sont des millions à la surface de la planète, et ce depuis 1970, date de sortie du premier album de Black Sabbath.
Pour être en bonne santé, ne vous amusez pas
Mais ce n’est pas tout. Poser la question des effets du la santé du headbanging, ce serait comme consacrer des études entières aux dangers des pratiques liées à d’autres sous-cultures. Le danger du skateboard, par exemple. Ben oui, c’est dangereux tous ces jeunes qui skatent n’importe où. Ils peuvent se blesser. C’est à la mode en plus. Est-ce qu’ils mettent des protections aux coudes et aux jambes ? Est-ce que même avec des protections, ça reste sans danger ?
Et le breakdance dans le hip-hop, vous êtes sûr que ce n’est pas un peu mauvais pour la santé de tourbillonner ainsi sur les mains ? Le transit intestinal ne s’en trouve-t-il pas durablement affecté, quand même ? Ou bien le cerveau ? Et le graffiti, tiens. Est-elle sans risque pour les poumons, cette peinture volatile qui sort des bombes de couleurs et qu’inhalent les graffeurs ? Bien sûr que non. De la musculation à l’alcool, de la viande de bœuf aux films de Cédric Klapisch, et du headbanging à la lecture des quotidiens de droite, tout est dangereux pour la santé s’il est pratiqué avec excès.
Vite docteur Mascret ! Une petite vidéo pour avertir les lecteurs du Figaro des graves risques qu’encourent les jeunes tentés par ces transgressions de l’ordre établi. Il ne faudrait surtout pas que les jeunes s’amusent.