“Soutenir des femmes qui prennent des risques”
Comment est né Girls Do It Better ?
Girls Do It Better est né début 2014. L’idée, c’était d’avoir un collectif composé uniquement de femmes, dans le but de se soutenir mutuellement dans nos activités professionnelles, qui touchent à plusieurs domaines artistiques.
Peux-tu me présenter les filles qui composent Girls Do It Better ?
Aujourd’hui, nous sommes une petite dizaine dans le collectif, et ça ne fait que s’accroître tous les jours car nous aimons recruter de jeunes artistes. Yamiko et Bibi Seck sont DJ’s et productrices ; Rainbow, Echo et Lil’ Felisha sont chanteuses ; et en ce qui me concerne, je joue sur les deux tableaux (chanteuse et DJ).
Vous vous faites appeler Khenndrah, Yamiko, Rainbow, Lil’ Felisha, Bibi Seck ou Echo… Pourquoi s’être créé d’autres identités, de nouveaux personnages ?
Ce ne sont pas tellement d’autres personnalités, ou de nouveaux personnages ; je dirais que c’est simplement une partie de nous-mêmes que nous souhaitons mettre en avant artistiquement. On peut dire que ce sont les meilleures versions de nous-mêmes !
Vous avez toutes une image et un look très forts. Qui sont les femmes qui vous inspirent au quotidien ? Je crois que vous avez été pas mal bercées par la culture hip-hop US des années 1990/début 2000…
On est toutes nées entre 1990 et 1997, du coup effectivement, les années 1990 et 2000 influencent beaucoup notre quotidien. Sans citer d’artistes en particulier, il s’agit surtout d’une culture dans laquelle on a baigné, et qui fait aujourd’hui partie de notre ADN.
Les femmes qui nous inspirent au quotidien ne nous paraissent pas inspirantes par rapport à leurs manières de s’habiller, mais à leur manière de se comporter. Nous aimons beaucoup les artistes engagées, et ce peu importe leur style. C’est important pour nous de soutenir des femmes qui prennent des risques, et qui soutiennent les autres femmes à travers le monde.
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“En 2016, la femme française est d’ici et d’ailleurs”
Pour beaucoup, la femme française est incarnée par Jane Birkin, Brigitte Bardot ou Charlotte Gainsbourg. Pour vous, c’est quoi la femme française ?
Pour nous aussi c’est le cas, et on aime beaucoup cet aspect de la France : simple et chic. En revanche, ce n’est sûrement pas la représentation de LA femme française. En 2016, la femme française est d’ici et d’ailleurs, c’est indéniable.
Cette année aux États-Unis, il y a eu beaucoup d’artistes qui ont, à travers leur art, réaffirmé la valeur de l’identité noire, je pense notamment à Beyoncé, Kendrick Lamar, Solange ou Alicia Keys… Est-ce que c’est une dynamique dans laquelle vous vous inscrivez, en tant que jeunes femmes noires et brown ?
Solange est l’une des premières de notre génération à avoir revendiqué ses origines africaines à travers sa musique, ses clips, etc. – contrairement à sa grande sœur Beyoncé, qui a plutôt suivi le mouvement. En ce qui concerne cette dynamique, évidemment, on y est très attaché. Le fait que les stars américaines en parlent ouvertement aujourd’hui, on trouve ça génial. Mais ça ne nous concerne pas pour le moment.
En France, on a aussi énormément de problèmes à cause de notre couleur de peau, je pense notamment à Adama Traoré, à Zyed Benna et Bouna Traoré, ou encore mes frères du Luth qui se font malmener tous les jours par les forces de l’ordre… Bref, on ne peut ni le nier ni fermer les yeux face à la souffrance de notre propre peuple, alors oui effectivement, c’est un sujet qui nous tient à cœur.
Le morceau “Brown Sugar” en parle d’ailleurs de façon plus légère. On a aussi choisi nos tenues en fonction de ça : dans le clip, on peut nous voir en Gueras Fatim, la marque d’une femme noire très talentueuse, ou encore en JOUR/NÉ, une marque française en partie créée par des femmes. C’est le cœur de notre collectif.