Hier soir, le film de Django Unchained a subi une révision de ses scènes les plus morbides.
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“J’aime ta façon de crever mon gars.” Cette fameuse phrase, vous la reconnaissez sûrement. Elle provient de Django Unchained, l’avant-dernière production de ce cher Quentin Tarantino, jamais absent lorsqu’il s’agit de venir trouer quelques membres, la vengeance chevillée au corps. Mais cette phrase, pas sûr que vous ayez pu l’entendre hier soir, sur les coups de 22 heures, lorsque vous étiez assis bien tranquillement sur votre canapé devant TF1.
Car si la chaîne privée avait opté pour répondre à la violence par la violence (en face, France 2 diffusait le génial Gone Girl de David Fincher), elle avait aussi décidé, en choisissant Django Unchained, d’en proposer une version censurée.
En préambule du film, TF1 jouait même la prévention, avec un petit message en forme d’avertissement :
“Pour que ce film puisse vous être proposé en première partie de soirée, certaines scènes violentes ont été légèrement retravaillées par son réalisateur, Quentin Tarantino.”
La chaîne précise donc qu’elle n’est en aucun cas responsable d’une dénaturation de l’œuvre de Tarantino, renvoyant d’ailleurs la balle au réalisateur lui-même. Car dans les faits, la version du film, sortie en salles en France le 16 janvier 2013 et interdite aux moins de 12 ans (le film est R Rated aux États-Unis, soit interdit aux moins de 17 ans, pour sa “strong graphic violence throughout, a vicious fight, language and some nudity”), a ici été particulièrement remaniée.
Trois scènes (deux d’après TF1), selon Télérama, ont été reprises :
- Cette fameuse scène où un esclave se fait grignoter (c’est un euphémisme) par des chiens ;
- La scène d’un combat à mains nues, celui organisé par le fou Leonardo DiCaprio aux dents jaunâtres ;
- La scène de combat final, particulièrement sanglante
Des personnages sortent du cadre, certains meurent comme par magie, et des éclaboussures rougeâtres disparaissent subitement. La violence est clairement atténuée, mais pas seulement : la construction cinématographique, la mise en scène, la perception du combat final est modifiée.
À l’appui, une vidéo :
Et l’hebdomadaire de préciser:
“C’est déjà énervant de voir un film coupé de cette façon (même quand il est validé par le réalisateur), ça l’est encore plus quand ce sont le déroulement logique d’une scène et sa beauté cinématographique qui en pâtissent.”
Au total, Django Unchained a réuni plus de 5 millions de téléspectateurs ce dimanche soir, devant Gone Girl (4,4 millions), qui était un film sacrément indiqué pour lui aussi connaître pareille trahison cinématographique – si l’on prend en compte, par exemple, le sort du pauvre Neil Patrick Harris.
Il faut savoir que les films interdits aux moins de 12 ans sont strictement encadrés lors de leur diffusion à la télévision française : pas plus de quatre par an, et les mardis, vendredis, samedis et veilles de jour férié sont proscrits.