Quelques jours après les déclarations remarquées d’Elijah Wood sur la pédophilie à Hollywood, cet autre ancien enfant acteur – directement concerné – s’exprime sur le sujet.
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Si Elijah Wood n’a pas été directement concerné par le climat de pédophilie qu’il dénonçait il y a quelques jours – il a d’ailleurs été rapidement dépassé par la viralité de ses déclarations –, tous les enfants acteurs de Hollywood n’ont pas eu sa chance.
Contacté par The Hollywood Reporter, Corey Feldman s’exprime ainsi sur ce qu’il a subi et surtout, à quoi il a assisté dans les années 1980, quand il était l’une des jeunes stars de films comme les Goonies ou Stand by Me.
“J’adorerais pouvoir donner des noms”
L’interview du Hollywood Reporter est glaçante de fatalisme : Corey Feldman évoque certains épisodes dérangeants de son enfance en insistant bien sur le fait qu’il ne peut pas faire grand-chose pour empêcher ce genre d’agissements de se reproduire. Il explique qu’il est heureux et serein dans sa vie aujourd’hui mais qu’il a eu besoin de “faire beaucoup de thérapie” pour en arriver là.
Et il rappelle surtout les agressions plus dramatiques encore dont a été victime Corey Haim, son compère à l’écran dans la série The Two Coreys :
“Il a subi des agressions plus directes que moi. J’ai été tripoté par différentes personnes, mais Corey Haim s’est vraiment fait violer […]. Et c’est arrivé quand il avait 11 ans. Mon fils a 11 ans aujourd’hui, et je ne peux pas ne serait-ce qu’envisager l’idée qu’une chose pareille puisse lui arriver. Ça le détruirait.”
Corey Haim est mort en 2010 d’une pneumonie, mais il était fragilisé par une dépendance à la drogue qui, d’après son ami Corey Feldman, était directement liée aux traumatismes qu’il avait vécues pendant son enfance. Lorsqu’on lui demande si des prédateurs sexuels occupent des postes importants à Hollywood, il déclare qu’il “adorerait donner des noms” mais qu’il se sent coincé par la législation californienne. En somme, d’après lui, s’attaquer aujourd’hui aux agresseurs ne lui rapporterait qu’une série de problèmes juridiques.
À la question de savoir qui étaient ces personnes, Corey Feldman répond :
“Une des personnes [impliquées, ndlr] travaille encore à Hollywood […]. Je l’ai croisée plusieurs fois, mais je ne l’ai jamais confrontée.”
Et de préciser, à propos de la manière dont les agresseurs agissent, hier comme aujourd’hui :
“Le problème est encore plus flagrant aujourd’hui parce ce qu’on peut utiliser Internet afin de créer des faux profils, des faux comptes. Ils contactent des enfants via Twitter ou Facebook et ils disent : ‘Je suis un producteur en place et je peux t’aider.’ C’est un problème qui se renforce, pas l’inverse.
Ces personnes intimident, menacent, afin qu’on se taise. Et tous ces gens impliqués se connaissent, sont amis. Demandez à n’importe quel gosse de l’époque […]. Certains aux studios blaguaient même à propos de ce qu’il se passait. On ne parle de producteurs ou de réalisateurs connus. Les personnes impliquées que je connais sont des attachés de presse, des photographes de magazines pour ados, des trucs comme ça.”
Quelle était leur méthode ? Organiser des grosses soirées, avec des gamins de 10 à 16 ans, attirés par le monde du cinéma et souvent seuls dans des fêtes où il n’y avait que des adultes : “Quand vous aviez quelqu’un qui venait vers vous et vous disait : ‘Hey, c’est une fête à Hollywood, ça te dirait de venir ?’, ça ressemblait à une belle opportunité.” Corey Feldman raconte comme une personne travaillant pour son père l’avait agressé sexuellement, et lui avait proposé toutes les drogues possibles et inimaginables. Il n’avait alors rien avoué à ses parents.
L’interview entière vaut le détour : Corey Feldman parle des méthodes des agresseurs, de son amitié avec Michael Jackson (malgré le fait que ce dernier ait lui aussi été accusé d’actes pédophiles) mais aussi de ses futurs projets – l’acteur vient de sortir un single en featuring avec Snoop Dogg, et prépare un album prévu pour juin.