Paolo Cirio a attrapé des captures des gens photographiés à leur insu par les caméras de Google Street View pour les coller sur les murs, dans le monde réel. Une initiative qui questionne les notions de propriété individuelle à l’heure des réseaux.
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Paolo Cirio est un artiste italien reconnu pour son engagement dans son travail, souvent lié aux avancées en matière de technologie. En 2011, c’est lui qui avait créé le projet Face To Facebook. Souvenez-vous : cette plateforme se basait sur le réseau social pour devenir une parodie de site de rencontres, associant les profils des utilisateurs de Facebook selon un système de reconnaissance faciale. L’artiste avait alors compilé plus d’un million de profils dans sa base de données. Paolo Cirio a été menacé à 11 reprises de poursuites judiciaires, a reçu 5 menaces de mort et 4 injonctions de la part de la firme de Mark Zuckerberg.
L’artiste aime déranger et se moquer de l’utilisation que les humains font des nouvelles technologies. Son dernier projet en date, Street Ghosts, ne déroge pas à la règle.
En vous rendant sur cet extraordinaire outil qu’est Google Street View, vous avez déjà pu remarquer des personnages photographiés à leur insu par les voitures de la firme. Paolo Cirio aussi, l’a remarqué. Il a alors décidé de se servir de ces malheureux piégés par les voitures du moteur de recherche pour un nouveau travail multimédia. L’idée est de récolter ces photos d’êtres humains, de les imprimer à taille réelle et de les coller dans les rues exactes où ils ont été photographiés.
Fantômes du numérique
Paolo Cirio est un type ingénieux, mais c’est aussi un artiste appliqué. L’Italien a carrément créé un site internet dédié à la démarche sur lequel il est possible de suivre les pérégrinations des collages de l’artiste, évidemment clandestins. Il explique sa démarche :
Alors que les images accessibles au public [par Google Street View] sont des personnes prises sans leur permission, j’ai renversé le principe : j’ai pris les photos de personnes sans la permission de Google et les ai affichés sur les murs de la voie publique. De ce fait, je mets en évidence la viabilité de ce type de support comme matériau artistique, prêt à questionner et bouleverser notre société.
Ainsi, l’artiste souhaite déranger la notion d’appropriation de données personnelles que Google “et d’autres firmes similaires” utilisent pour leur propre data. Paolo Cirio poursuit :
Aussi, leur source d’informations n’est autre que les données privées des individus. En réutilisant ce matériel, j’explore de manière artistique les frontières, la propriété et l’exposition en ligne des informations de nos propres existences.
Google Street View est le terrain de jeu de nombreux curieux du monde qui nous entoure. Ainsi, Paolo Cirio n’est pas le seul à avoir développé un projet artistique autour de la plateforme du moteur de recherche. En décembre 2012, Jon Rafman publiait un site internet sur lequel il postait ses trouvailles les plus insolites pêchées sur Street View. Et d’emblée, on s’aperçoit qu’il n’est pas ce genre de type qui cherchait seulement l’adresse du coiffeur le plus proche.
Que ce soit pour des pépites de beauté…
…ou des merveilles d’absurdité.
Si l’ingéniosité autour de Street View semble avoir peu de limites, que dire de la persévérance ? Tre Baker a décidé d’aborder le service de Google sous l’objectif de la caméra en recréant des scènes célèbres de cinéma grâce aux images captées par les voitures de Google. Un hommage au septième art par l’angle de Google Street View, c’est forcément inédit. Mais là, c’est aussi réussi. Admirez son tumblr Google Street Scene.
Ces contributions particulières à Google Street View confirment le désir de réappropriation des images de Google Street View de notre monde… par les habitants de ce monde eux-mêmes.
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